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“Le règne du Trusk : quand la post-vérité écrase la nuance et la médiation”

Nous vivons dans un temps où la vérité n’est plus qu’une variable parmi d’autres dans l’équation du pouvoir et de l’influence. L’époque de la post-vérité, terme désormais inscrit dans notre vocabulaire, marque un basculement dangereux : celui où les faits objectifs deviennent secondaires face aux émotions, aux croyances personnelles et aux récits soigneusement orchestrés. Ce glissement insidieux ne se contente pas de fragiliser les démocraties ; il propulse au sommet des figures qui prospèrent dans le chaos informationnel.

C’est l’ère des menteurs, de ces architectes d’un nouveau monde où le discours, déconnecté du réel, sert avant tout à polariser, manipuler et conquérir. L’autorité morale et la recherche d’un bien commun sont remplacées par l’exaltation de l’égo, la glorification de la disruption et la flatterie des instincts les plus primaires. Dans cette mécanique, Donald Trump et Elon Musk, figures emblématiques et emblèmes d’un « Trusk » mondialisé, incarnent une version contemporaine de l’autocrate. L’un, ancien président, manipulateur d’une vérité alternative, et l’autre, magnat technologique, sapeur des médiations institutionnelles, ont plus en commun qu’il n’y paraît : ils représentent la montée d’une radicalité hostile à la nuance, à la médiation et au dialogue.

La destruction des médiateurs et l’illusion de la radicalité

Ce règne de la post-vérité s’accompagne d’une guerre ouverte contre les médiateurs : journalistes, universitaires, scientifiques et institutions de régulation sont systématiquement discrédités, accusés de complots, de biais ou d’incompétence. Le discours est simple : faites-moi confiance, moi seul ai la solution. Cette attaque frontale contre les corps intermédiaires, symboles d’une pensée rationnelle et équilibrée, laisse place à un terrain fertile pour les populismes et les figures autoritaires.

Ce climat favorise une radicalité présentée comme pure, authentique et libératrice, mais qui est en réalité le masque d’un simplisme dangereux. Les nuances – c’est-à-dire la reconnaissance de la complexité du monde – sont perçues comme des faiblesses. Les compromis, qui sont l’essence même des démocraties, sont caricaturés comme des trahisons. Le dialogue est remplacé par l’invective, et les opinions s’expriment dans des joutes binaires où la subtilité n’a plus sa place.

Vers le règne du « Trusk »

L’émergence de leaders comme Trump ou Musk incarne cette dérive : leur popularité repose sur leur capacité à transcender les cadres traditionnels. Trump, en faisant exploser les codes de la politique institutionnelle, et Musk, en remodelant les frontières de la technologie et de la communication, jouent sur une fascination commune pour l’audace et la transgression. Mais cette fascination masque une réalité plus sombre : celle d’une centralisation inédite du pouvoir entre les mains d’individus pour qui le dialogue et la responsabilité sont secondaires face à leur soif d’influence.

Dans cette configuration, le « Trusk » n’est pas qu’un néologisme ; c’est un système idéologique, un modèle de gouvernance. Ce modèle repose sur quelques principes simples : une communication directe et performative, des décisions impulsives vendues comme des intuitions géniales, et une hostilité permanente envers les contre-pouvoirs. Le « Trusk », c’est le triomphe du narcissisme sur le collectif, de l’instantané sur la réflexion, et de la domination sur l’équité.

La nécessité de réhabiliter la nuance

Face à ce glissement vers l’autocratie émotionnelle, la réponse ne peut être la résignation. La démocratie exige de réhabiliter la nuance et de réaffirmer l’importance de la médiation. La vérité n’est pas un artefact que l’on peut modeler selon ses intérêts ; elle est un socle, un point de repère qui structure nos sociétés. L’acceptation de la complexité et le respect du dialogue ne sont pas des faiblesses, mais des conditions pour construire des sociétés justes et résilientes.

Dans ce combat, chacun a un rôle à jouer : les citoyens doivent exiger des gouvernants qu’ils rendent des comptes, soutenir des institutions indépendantes et cultiver leur esprit critique. Les journalistes, éducateurs et scientifiques doivent redoubler d’efforts pour défendre les faits et éclairer les débats. Et les élites économiques et politiques doivent reconnaître que la puissance ne se mesure pas à la capacité de détruire, mais à celle de construire.

Alors que nous sommes tentés de succomber aux sirènes du « Trusk », souvenons-nous que le véritable courage réside dans la résistance à la facilité, à la radicalité et au mensonge. Il est encore temps de choisir la raison plutôt que la fureur, la nuance plutôt que le simplisme, et le collectif plutôt que la domination individuelle. Ce choix est la clé de notre survie démocratique.

Texte et illustration : avec la complicité de Chat GPT et Grok (essai gratuit offert par Elon Musk).

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